Histoires métaphoriques

CHANCE ou MALCHANCE ?

      Un habitant du nord de la Chine vit un jour son cheval s’échapper et passer de l’autre côté de la frontière. Le cheval fut considéré comme perdu.

A ses voisins qui venaient lui présenter leur sympathie, le vieil homme répondit :

_  La perte de mon cheval est certes un grand malheur. Mais qui sait si dans cette malchance ne se cache pas une chance ?

Quelques mois plus tard, le cheval revint accompagnée d’une magnifique jument. Les voisins félicitèrent l’homme, qui leur dit, impassible :

_  Est-ce une chance, ou est-ce une malchance ?

Le fils unique du vieil homme fut pris d’une véritable passion pour la jument. Il la montait très souvent et finit un jour par se casser la jambe pour de bon.

Aux condoléances des voisins, l’homme répondit, imperturbable :

_  Et si cet accident était une chance pour mon fils ?

L’année suivante les Huns envahirent le nord du pays. Tous les jeunes du village furent mobilisés et partirent au front. Aucun n’en revint. Le fils estropié du vieil homme, non mobilisable, fut le seul à échapper à l’hécatombe.

(d’après Hoài-Nam-Tu)



Comment sont les gens ?

      Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville du Moyen-Orient.

Un jeune homme s’approcha et lui dit :
_  Je ne suis jamais venu ici ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?

Le vieil homme lui répondit par une question :
_  Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?
_  Egoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir, dit le jeune homme. Le vieillard répondit :
_  Tu trouveras les mêmes gens ici.

Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa exactement la même question.
_  Je viens d’arriver dans la région ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieille homme répondit de même :
_  Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?
_  Ils étaient bons et accueillants, honnêtes ; j’y avais de bons amis ; j’ai eu beaucoup de mal à la quitter, répondit le jeune homme.
_  Tu trouveras les mêmes ici, répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire ses chameaux non loin de là avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme se fut éloigné, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche :
_  Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ?
_  Celui qui ouvre son coeur change aussi son regard sur les autres, répondit le vieillard. Chacun porte son univers dans son coeur.



L’inondation

     Dans son rêve, le curé d’un village entendit Dieu s’adresser à lui : "La pluie arrivera demain. Ton village sera inondé mais je veille sur toi". Une forte pluie se mit à tomber le lendemain. Comme le risque d’inondation était réel, une équipe de secours évacua tous les habitants du village en leur faisant abandonner leur maison. Tout le monde partit, à l’exception du curé. Il répondit à la barque de secours qui se présenta : "Dans mon rêve, Dieu m’a dit qu’il veillait sur moi".

     Le lendemain, l’eau atteignit le premier étage des habitations. Une équipe de pompiers en zodiac vint et tenta d’emmener le curé. De nouveau, il refusa. Il disait qu’il avait reçu un signe et qu’il lui fallait montrer au monde qu’il était un homme de foi.

     Le troisième jour, l’eau monta encore et la situation devint vraiment critique. Le curé était tout seul, perché sur le toit de sa maison. Une dernière équipe de secours en hélicoptère survola sa maison et tenta de le ramener à la raison. De nouveau, il refusa et les renvoya en réaffirmant sa confiance dans la parole qu’il avait reçu en songe.

     Peu après, l’eau recouvrit entièrement la maison, le curé du village mourut noyé. Comme il avait toujours été un bon chrétien, Saint Pierre lui ouvrit les portes du Ciel mais il refusa d’y entrer. Il disait que Dieu l’avait trompé, qu’Il lui avait promis le salut. Pourtant, il avait été le seul habitant du village à périr.

     Saint Pierre rétorqua que cela n’était pas possible, Dieu ne mentait pas. Il devait y avoir une explication. Il partit le chercher, entra au Paradis et, une demi-heure plus tard, il revint pour dire au curé : "C’est vrai, Dieu a dit qu’il veillait sur vous. Il vous a envoyé une barque, un zodiac et un hélicoptère mais par trois fois vous avez refusé son aide.



Les bonnes réponses

     Un matin, le Bouddha était en compagnie de ses disciples quand un homme s’approcha.
_  Dieu existe-t-il ? demanda-t-il.
_  Il existe, répondit le Bouddha. Après le déjeuner, un autre homme s’approcha.
_  Dieu existe-t-il ? demanda-t-il.
_  Non, il n’existe pas, répondit le Bouddha. A la fin de l’après-midi, un troisième homme posa la même question.
_  Dieu existe-t-il ?
_  C’est à toi de décider, répondit le Bouddha. Dès que l’homme fut parti, un disciple s’exclama, révolté :
_  Maître, c’est absurde ! Pourquoi donnez-vous des réponses différentes à la même question ?
_  Parce que ce sont des personnes différentes, chacune parviendra à Dieu par sa propre voie.

Le premier me croira.

Le second fera tout ce qu’il peut pour prouver que j’ai tort.

Le troisième ne croira qu’à ce qu’il choisira lui-même.



Rien d’autre que rien

_  "Dis-moi, combien pèse un flocon de neige ?", demanda la mésange à la colombe.
_  "Rien d’autre que rien", fut la réponse.

Et la mésange raconta alors à la colombe :
_  "J’étais sur une branche d’un sapin quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n’avais rien de mieux à faire, je commençais à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3.751.952. Lorsque le 3.751.953ème tomba sur la branche - rien d’autre que rien comme tu l’as dit - celle-ci cassa."

Sur ce, la mésange s’envola.

La colombe, une autorité en matière de paix depuis l’époque d’un certain Noé, réfléchit un moment et se dit finalement :
_  "Peut-être ne manque-t-il qu’une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix !"

N° Siret: 488 460 551 00036